Le tour du monde à vélo de Thomas, Ronan, Rémy et Nicolas! :::Septembre 2004 - Juin 2005 :::14 000 km
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L' Eau
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>> L' Europe
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Europe
-- Asie
-- Océanie
-- Amérique Centrale
-- Amérique du Sud
-- Afrique - Europe
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Introduction
L'Europe : Paris - Istanbul
L'accès à l'eau
L'utilisation et comportement vis-à-vis de la ressource
Pollution
Conclusion
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Introduction
Cette rubrique présente les résultats de nos recherches et observations visant à mieux comprendre la relation entre l'homme et l'eau aux quatre coins de la planète. Notre voyage à vélo est en effet une merveilleuse opportunité d'aller à la rencontre de personnes originaires d'horizons différents, et nous voulons le mettre à profit pour récolter des informations "de terrain" et les partager. Plutôt qu'une étude scientifique, nous cherchons à mettre en évidence les disparités qui existent entre les peuples des pays que nous traversons au niveau de leur approche à l'eau en terme d'accès, d'utilisation, de croyances, de coutumes et de respect. Nous espérons ainsi sensibiliser le public, c'est-à-dire vous, aux problèmes posés par la gestion de l'eau dans le monde et participer à la prise de conscience générale qui se développe autour de ce sujet.
En s'intéressant aux pratiques de nos voisins (nous sommes tous voisins sur terre, non ? La preuve, on peut en faire le tour à vélo...), nous pourrons nous même apprendre et également mieux les comprendre. Ici vous ne trouverez donc pas d'analyse du PH ou de la teneur en nitrate, mais plutôt un regard simple sur la vie de l'homme, qu'il soit de Budapest, Sydney, Buenos Aires, Casablanca ou du fin fond de la campagne asiatique, lorsqu'il est au contact de l'un des éléments les plus indispensables à sa vie, l'eau.
Pour chaque continent, nous présenterons un compte rendu traitant de questions fondamentales telles l'accès a l'eau des populations, l'utilisation et le comportement vis-à-vis de la ressource, et la pollution. Les informations proviennent à la fois des réponses aux questionnaires que nous faisons remplir par des locaux à chaque fois qu'une occasion se présente, mais aussi de nos propres observations, de nos expériences personnelles et de nos discussions quotidiennes avec les habitants des régions traversées. Pour simplifier, nous généraliserons les informations quand nous parlerons d'un pays, mais il faut rester conscient que des différences peuvent exister entre régions ainsi qu'au niveau des foyers et des individus d'un même pays.
En obtenant une vue d'ensemble de l'approche à l'eau des peuples du monde que nous aurons rencontrés, peut être pourrons nous faire naître ou développer l'intérêt chez certaines personnes (nous espérons un maximum), notamment les enfants des classes qui suivent notre parcours, pour la préservation de cet élément vital et la découverte de comportements divers à son égard, avec la notion de respect que cela implique...
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L'Europe : Paris - Istanbul
Lors de cette première étape nous avons traversé 7 pays (en dehors de la France) deux mois durant : Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Bulgarie et Turquie. Ce trajet a été riche en rencontres, mais nous nous sommes également rendus compte qu'il était parfois difficile de recueillir les informations que nous désirions et de faire remplir les questionnaires, notamment en Europe de l'est. En effet, à part dans les capitales (Budapest, Belgrade, Sofia) nous étions la plupart du temps dans de petites villes ou à la campagne. Dans ces endroits il n'est pas aisé de trouver des personnes parlant une des langues que nous connaissons (Français, Anglais, Allemand, Italien, Espagnol - c'est quand même pas si mal pourtant !-), et de simples signes peuvent se révéler impossibles à comprendre (en Bulgarie par exemple, quand on fait le signe "oui" de la tête, cela veut dire "non", ce qui a créé pas mal de quiproquos !). Si le regard des gens est l'élément principal sur lequel nous nous basons pour cette étude, il a aussi été question d'eau pour nous lors de ces 60 premiers jours, question essentielle et quotidienne. [Dans les paragraphes qui suivent, vous trouverez donc les témoignages que nous avons évoqués ainsi que notre expérience personnelle afin de tenter de répondre aux questions fondamentales de la relation à l'eau en Europe.]
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L'accès à l'eau
Notre première constatation est que l'accès à l'eau, plus particulièrement à l'eau potable, est bien différent d'un pays d'Europe à un autre. Si cela n'est pas un problème en Allemagne et en Autriche, nous avons été surpris de nous apercevoir que l'accès n'est pas aussi simple que cela dans des pays aussi proches que la Serbie, la Bulgarie ou encore la Turquie. Pour schématiser, on peut dire que plus on s'éloigne vers l'Est, et plus on trouve des difficultés dans ce domaine.
Ainsi, nous avons d'abord contourné les Alpes par le Nord. Situés aux pieds des montagnes, les habitants ne connaissent pas de problèmes d'approvisionnement, l'eau étant présente en abondance dans les glaciers et les nappes souterraines et provenant des nuages piégés par la chaîne. Sébastien, un habitant de Müldorf en Allemagne, nous explique que cette région dispose de ressources exceptionnelles, sous terre. La qualité est excellente et la quantité presque inépuisable, mais il faut "faire attention à la pollution d'origine agricole en mettant de nombreux contrôles en place". De plus, ces pays industrialisés (Allemagne et Autriche) ont des systèmes de traitement et de distribution d'eau élaborés et efficaces, permettant aux habitants de disposer partout d'un accès immédiat à de l'eau potable. La majorité de l'eau utilisée est propre à la consommation, même si une grande partie ne sert qu’à se laver, faire la lessive, arroser son jardin. La situation nous a semblé similaire en Slovaquie, même si il est très difficile de porter un jugement en y ayant passé seulement 2 jours. Néanmoins nous avons toujours trouvé une eau de très bonne qualité au robinet, dans ce pays qui est le plus haut d'Europe (en moyenne) et qui vient de rentrer dans l'Union Européenne.
La Hongrie vient également de rentrer dans l'Union Européenne en 2004. Mais comme pour la Serbie et la Bulgarie, l'accès à l'eau nous a semblé un point plus délicat. En Serbie, seules les grandes agglomérations ont accès à l'eau potable via des "infrastructures gouvernementales". Ces infrastructures ont été mises en place voila seulement une dizaine d'années, et de nouvelles sont en construction. Dans les campagnes de ces pays, où se trouve encore environ la moitié de la population, celle-ci ne dispose pas souvent de ces infrastructures. Chacun possède un puit, ou pompe de l'eau de nappes souterraines proches. L'eau puisée est potable, mais plus ou moins opaque et de mauvais goût. Elle est parfois filtrée afin de lui rendre meilleur goût avant d'être bue. Des fontaines sont également disponible dans beaucoup de villages, et les gens viennent y remplir leurs bidons, leur bouteilles et viennent y faire la vaisselle (nous aussi !)
La situation est encore différente en Turquie (notre vision là se limite à la partie occidentale de la Turquie), où l'eau du robinet n'est pas potable. Dans cette métropole d’environ 10 millions d'habitants, capitale d'un pays en pour parler en vue de son entrée en Europe, nous devions boire de l'eau en bouteille! Les infrastructures acheminent l'eau, donc le réseau existe, mais celle-ci n est pas (ou mal) traitée, et il est la plupart du temps déconseillé de la boire.
Et en ce qui concerne notre expérience personnelle, l'accès à l'eau ne nous a jamais été refusée. Simplement limité, une fois, dans une station service... en Allemagne. "C est moi qui la paye!", nous a-t-on dit. Ce n'est pas faux, mais nous avons tout de même préféré les réactions plus humaines du type : "Mais bien sur ! Donnez, je vais vous remplir ça..."
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L'utilisation et comportement vis-à-vis de la ressource
En terme d'utilisation, il existe différents points de vue. Ils sont conditionnés par la facilité d'accès, l'abondance ou non des ressources en eau et la situation économique des populations. En Europe de l'Ouest, où l'eau est omniprésente, les citoyens ont du mal à prendre en compte le fait que d'autres en ont peu ou pas. Ils sont généralement de gros consommateurs. Mais la différence avec l'Europe de l'Est n'est finalement pas tant la quantité d'eau consommée que la quantité d'eau 'potable' consommée. Quand une personne utilise 150 L en une journée en Allemagne, c'est de l'eau potable à 100%. A partir de la Serbie, une personne qui prendra une douche, arrosera son jardin, etc., consommera beaucoup moins d’eau potable fournie par la ville. Le reste sera la plupart du temps de l'eau non traitée, provenant du puit. De plus, dans ces pays où les gens font des efforts pour se procurer eau et/ou eau potable, (c'est-à-dire puiser l'eau du puit, aller acheter des bouteilles au supermarché) ils vont en général tendre à restreindre leur consommation au minimum. Ce n'est pas seulement par civisme mais aussi parce que le prix de l'eau et le travail que nécessite sa procuration les incite à consommer seulement ce dont ils ont besoin ! Le résultat est ainsi (toujours d'après notre expérience): les habitants des pays développés semblent consommer plus que ceux des autres pays (même si le nombre de 5 à 7 douches par semaine semble être la norme de Paris à Istanbul).
Mais plus que la quantité, c'est aussi la façon de consommer qui diffère, et cela nous semble être déterminé par le "degré de modernité" du pays et le niveau de vie des habitants. Un allemand nous a par exemple expliqué que pour lui le problème principal n'était pas celui d'une trop grosse consommation, mais plutôt celui de la pollution. "Nous avons de l’eau, pourquoi ne pas la consommer, tant qu'on ne la pollue pas et que l'on ne casse pas son cycles ?". Nous avons trouvé ce point de vue intéressant et légitime dans ce contexte précis.
Dans les pays de l'Est en revanche le discours était différent. Si les gens sont conscients de l'importance de l'eau d'une façon générale, la raison pour laquelle ils portent attention aux ressources n'est pas le souci des conséquences que leurs actes pourraient avoir sur les générations futures, mais plutôt le fait que les habitants de ces pays (qui ont connu des difficultés économiques notamment, et sont encore en pleine construction pour certains) ont appris au fil du temps à ne pas gaspiller.
Ainsi on peut instaurer un schéma qui pourrait paraître réducteur, mais que nous pensons néanmoins refléter la réalité. Les pays industrialisés sont arrivés à un confort de vie tel que les citoyens ont le temps de penser aux problèmes environnementaux en général, et sont ainsi conscients des problèmes qui existent à l'échelle locale, nationale et mondiale. Les habitants des pays en développement ont moins "le loisir" de penser à ces choses (n'ayant par exemple pas accès aux informations concernant le débat autour de l'eau) et sont préoccupées par d'autres besoins plus importants compte tenu de leur situation personnelle (mais, paradoxalement, c’est dans ces pays que la consommation d’eau potable est la plus faible). Naturellement soucieux de leur bien-être en premier, leur vision des problèmes environnementaux se limite souvent à un niveau "local" et prendre le temps de s'en soucier est un "luxe" que tous ne peuvent pas se permettre.
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Pollution
Ces comportements des populations se retranscrivent directement dans l'état de l'environnement. Et les différences entre les pays sont flagrantes. Alors qu'en Allemagne et en Autriche, les habitants mettent leurs déchets à la poubelle, les trient, font relativement attention à l'environnement, il en est tout autre plus à l'Est. Combien de fois avons nous vu des gens jeter des paquets de cigarettes, sacs plastiques, emballages, sacs poubelles par la fenêtre de leur voiture ou du bus... Ces comportements irresponsables, couplés à des services et des infrastructures vétustes (nous pensons notamment au ramassage des ordures, au système d'évacuation des eaux usées d'Istanbul) influent incontestablement sur l'environnement en général, et plus particulièrement sur l'eau. D’une façon générale, la pollution a été plus présente, en tout cas plus visible, à partir de la Serbie. De façon croissante nous avons vu des déchets sur les routes et au bord des cours d'eau ( les quais du Danube à Belgrade ), des rejets d'eau d'une couleur plus ou moins étrange dans des rivières, de véritables champs de sacs plastiques à la frontière bulgaro turque...
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Conclusion
On ne peut pas dire que l'uniformité soit de mise en Europe au niveau de l'approche à l'eau des habitants des différents pays. Ces différences vont généralement de paire avec la richesse économique du pays. En ce qui concerne l'accès à l'eau nous avons été surpris de voir qu’à partir de la Serbie beaucoup d'habitations ne disposaient pas de l'eau de la ville. Il est vrai que lorsqu'on naît dans un environnement comme le notre, avec un accès aussi facile à l’eau potable (on tourne simplement un robinet), on n’essaie pas d'imaginer ce qui se passe à quelques coups de pédale de là. Nous nous sommes également rendu compte de notre naïveté lorsque nous avons rempli une bouteille d'eau au robinet de notre auberge de jeunesse à Istanbul et découvert sa couleur "terre". Et c'est en ce sens que notre voyage peut apporter quelque chose de nouveau. Nous rendre compte qu'à coté de chez nous, vraiment juste à coté puisque nous y sommes allés à vélo, les gens sont confrontés à des problèmes quotidiens bien différents des nôtres, notamment dans leur accès à l'eau (et ce n'est pas rien !).
L'utilisation qu'ils font de la ressource est affectée par ces problèmes d'accès, mais également par leur situation économique personnelle (ainsi que celle du pays dont ils sont issus) et par leur niveau d'éducation. On ne naît pas protecteur de l'environnement, on le devient. Encore faut il avoir le temps de s'en préoccuper et les moyens de s'informer (publications, informatique...), ce qui n'est pas forcément évident lorsque l'on vient d'un milieu modeste. On comprend donc pourquoi à l'ouest on consomme beaucoup, car il y a des moyens financiers et les ressources sont importantes, et on pollue moins (les entreprises des économies développées sont contrôlées et doivent faire face à une législation rigoureuse; elles mettent en place des circuits d’eau fermés pour mieux la contrôler dans leurs processus - on parle aujourd'hui "d’entreprises propres" - toutefois, il reste beaucoup à faire, du coté des ménages notamment), probablement car l'accès à l'information concernant les problèmes environnementaux est facile et l'éducation sur ces thèmes commence à être assez développée. Dans le même temps, quand on avance vers l'est, les consommations sont moins importantes (il n'y a pas de petites économies) et on se préoccupe moins des problèmes environnementaux, pas par égoïsme, mais car cela à un coût en temps et en argent comme nous l'avons vu précédemment (même si bien sur, cela n'excuse pas tous les comportements).
On découvre ainsi plus de campagnes jonchées de déchets, de rivières polluées. Si cette pollution est flagrante car voyante, l'Europe de l'ouest est également confrontée à de nombreux problèmes de pollution moins visibles, mais tout aussi graves, notamment au niveau des nitrates dans les nappes phréatiques comme l'évoquait une des personnes rencontrée lors du voyage (travaillant dans l'industrie maraîchère).
Ce que nous retiendrons de ce parcours est tout d'abord l'intérêt des gens pour les questions de l'eau lorsque nous avons abordé le sujet, et ce dans tous les pays. C'est également le fait que si les besoins dans cette zone, de Paris à Istanbul, appartiennent au même ordre de grandeur (la toilette, la cuisine, le ménage, le jardin...), l'utilisation qui en est faite est différente car les moyens et les ressources ne sont pas les mêmes. C'est enfin que si les comportements sont différents entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est, il est important de les respecter, de comprendre les raisons de ces différences, d'être conscient que chacun peut apporter à l'autre, en montrant que l'on peut moins consommer, et surtout mieux consommer en polluant moins. Pour finir, une dernière remarque, mais pas la moins moindre, s'associe plus au voyage en lui-même qu'à la discussion autour de l'eau : cette traversée de l'Europe nous a vraiment permis de nous rendre compte que ces pays dont nous avions rêvés, que nous imaginions loin, sont en réalité bien proche de nous, et il est donc à cet égard important de les connaître, et notamment de s'intéresser a la façon dont ils gèrent leur ressources en eau, et vice versa.
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